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Merkel tourne-t-elle le dos à Poutine ?

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En soutenant les sanctions de l’UE contre la Russie, Angela Merkel révèle un désamour croissant vis-à-vis de la puissance russe. Pour une diplomatie allemande cherchant à gagner en influence en Europe, cette position comporte néanmoins certains risques.

Peut-on penser que le stratège Poutine ne s’attendait guère à des sanctions provenant de l’UE ? Sa réaction, plutôt disproportionnée (embargo sur les importations de certains produits européens), peut défendre cette thèse. La plus grande surprise pour Poutine n’est pas la mise en place des sanctions elles-mêmes, mais plutôt l’appui allemand à celles-ci. L’Allemagne a globalement été sous l’ère Poutine une sorte de tampon entre Russie et Occident, tâchant de ne jamais prendre fait et cause pour l’un ou pour l’autre. Mais le conflit en Ukraine était de trop pour A. Merkel, qui suit désormais la ligne officielle défendue par l’axe franco-britannique.

Les récentes décisions diplomatiques allemandes ont souvent été à rebours des perspectives expansionnistes occidentales, que ce soit en Irak, en Libye ou en Syrie. On a longtemps pu penser que cette retenue, assez proche des thèses poutiniennes, était un blanc-seing donné par Berlin à Moscou afin de maintenir de bonnes relations économiques avec le grand voisin de l’est. Que nenni, Merkel commençait à être lassée du jeu diplomatique de Poutine, ce dernier perdant son unique partenaire crédible en Europe pour une hypothétique médiation politique au sujet de l’Ukraine.

L’Allemagne est-elle enfin prête à également assurer un grand rôle diplomatique en Europe ?

Cette position, si elle se confirme est à double tranchant. D’un côté, elle met l’Allemagne au centre du jeu diplomatique européen, rôle qu’elle n’a jamais voulu défendre, pour des raisons historiques évidemment, mais également politiques, laissant ce rôle aux Français et aux Britanniques. Mais, de l’autre côté, alors que l’Allemagne enregistre, pour la première fois depuis des années, des mauvais chiffres économiques, elle pourrait subir le contrecoup des bisbilles avec la Russie, matérialisées notamment par l’embargo décidé par Poutine. Il est trop tôt pour dire si les tensions géopolitiques peuvent inquiéter, à court-moyen terme, cette machine allemande.

Merkel, rare leader en Europe à être majoritairement approuvée par sa population, a potentiellement pris sa plus grande décision politique depuis son arrivée au pouvoir, en marquant clairement un ancrage diplomatique à l’ouest. Il est néanmoins trop tôt pour parler de transition d’un suivisme vers un leadership diplomatique allemand. .Le pragmatisme d’A. Merkel est encore trop prégnant pour affirmer cela. Néanmoins, en se privant volontairement de potentiels marchés économiques pour défendre certains idéaux européens, A. Merkel s’est engagée dans une tactique politique longtemps oubliée par l’Allemagne. Mais pour quel profit ? Allemands, Russes et Européens aimeraient avoir la réponse à cette question.

 

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